Cabine 226 ? Non, 229 ... [ZazaChoute !]

Ethan n’avait pas toujours eu le mal de mer. Et de toute façon, il n’avait jamais eu l’occasion de le vérifier, n’ayant jamais vu un bateau de sa vie. Mais le 29 février, jour de ses neuf ans, lorsqu’il était tombé dans le lac et s’était noyé, à la limite des bras de la grande Faucheuse, il avait su qu’il ne pourrait jamais reprendre de bain sans avoir une peur bleue de ce liquide transparent qu’était l’eau. Avoir peur de sa salle de bains ... C’était peu lorsqu’on comparait une baignoire à un paquebot de la taille de l’Esmeralda. Il était immense, plusieurs ponts et un moteur très puissant. En montant, Ethan savait que si c’était possible, sa peau d’albâtre serait devenue encore plus blanche qu’elle ne l’était, mais il était déjà si pâle qu’il aurait viré au translucide s’il avait blanchi ! Une nausée lui monta dans la gorge et il se retint de vomir. Pourquoi cette foutue académie n’était pas accessible par train ? Le train, c’était très bien ! Surtout lorsqu’on contrôle le métal et l’électricité, il faut l’avouer. Mais le bateau ... Oui, Ethan contrôlait l’eau, mais lorsqu’il s’était noyé, même s’il n’était pas très puissant, ce pouvoir ne l’avait pas aidé ! En un geste machinal, le jeune homme aux yeux bleus comme la mer des Caraïbes ramena ses cheveux en arrière, dégageant son front et par la même occasion, lui permettant d’essuyer les quelques gouttes de sueur qui perlait sur son front. Un jeune homme bien bâti arriva à son niveau et lui posa une main sur l’épaule. Il était grand, dans les 1.90m, de grands yeux verts et des pectoraux à faire pâlir le plus vaniteux des taureaux espagnols. Tout en essayant de sourire, ce qui se transforma en un rictus gêné, Ethan se dégagea. Drake ... C’était un garçon qu’Ethan ne supportait pas, mais la politesse lui soufflait de faire bonne figure. Un grand sourire de carnassier aux lèvres, le grand blond sourit au jeune homme qu’il avait devant lui.

« - Tu viens fillette ? On va sauter du bateau dans la mer pendant qu’il n’est pas encore parti. Oh mais j’oubliais, tu as peuuuuur de l’eauuuuu n’est ce pas ? Eh bien tant pis pour toi, mais n’espère pas te trouver une fille à ce rythme là ! »

Drake se retourna et partit d’une démarche assurée, partant dans un grand rire, balançant sa tête et ses cheveux blond éclatant en arrière. On aurait crû le jeune homme sortit d’une publicité pour jeunes gens, mais cela n’avait aucun effet sur Ethan. Il était inutile de préciser que ni les insultes ni les provocations ne faisait réagir le jeune homme aux yeux d’azur, mais cela faisait plus de quatre ans que ce Drake à la gomme l’avait pris comme souffre douleur, et cette provocation était celle qui venait de faire déborder le vase. On ne peut qualifier Ethan de gentil, car il n’était jamais en contact avec personne, mais on pouvait aisément le qualifier de brutal lorsque le beau jeune homme s’y mettait, même si on ne l’avait jamais vu s’énerver. Alors, d’une démarche féline il s’approcha du jeune homme, sans faire un bruit, sans faire craquer une seule latte du plancher du paquebot. Tous comme certains autistes, il connaissait l’art de ne pas se faire remarquer ... Quand il fut suffisamment prêt, d’une voix narquoise, il lança :

« - Eh, Drakounet ! »

Le jeune homme se retourna et, sans hésiter, Ethan balança son poing en l’air comme lui avait appris une personne de sa connaissance, qui n’était en rien une amie. Le sang se mit à gicler, il lui avait sans doute cassé le nez. Il tourna les talons et commença à partir, mais sous le coup d’une impulsion nouvelle, il se retourna, un sourire aux lèvres.

« - Au fait mon chou, dis à tes amis que je n’ai pas envie qu’on me voit en compagnie d’abrutis de leurs espèces et que je ne viendrais pas sauter aujourd’hui. »

Il détourna la tête et reprit sa démarche nonchalante. Il avait l’attention d’aller découvrir sa cabine et d’y rester cloîtrer plusieurs heures, exactement les 5h30 du voyage. Il sortit son billet de sa poche et le scruta : cabine 226. Il la trouva immédiatement, et rentra dedans. Il ne s’était pas aperçu que le 6 de la chambre était bizarre et qu’il ressemblait de beaucoup à un 9 ... Il enleva sa chemise, exhibant à la vue des murs aveugles son torse, même si trop pale, extrêmement beau.